Une semaine et demie s’est écoulée depuis cette escapade folklorique romantique, nous sommes le jeudi 17 décembre 2015* et je commence enfin à retrouver le moral (et il était tant car à force d’avoir pleuré je commençais à ressembler à un mouchoir de dentiste trempé de névralgies).
En effet, ma prise de sang de la veille a annoncé un taux BHCG en forte baisse (on se dit qu’on va pouvoir enfin tourner la page de cette GEU) (le comble quand on sait que mon rêve le plus cher c’est d’avoir un fort taux de BHCG) et le 18 au soir nous partons dans le sud pour les fêtes de fin d’année.
Il est 14 heures quand soudain, je sens comme des coups de poignards dans l’estomac… Je m’allonge en attendant que ça passe, l’épisode du week-end campagnard me laissant penser que ce n’est pas très grave et que je dois être en train d’évacuer le « dernier morceau » d’embryon qui reste (bon appétit).
Mais ça ne passe pas, je suis prise de violentes nausées et je perds du sang, beaucoup beaucoup de sang… Je suis à deux doigts de tomber dans les pommes et j’ai des sueurs froides, je n’arrive plus à respirer et c’est difficilement que je me traîne jusqu’à mon téléphone pour demander à mon mari de rentrer rapidement.
A peine une demi-heure plus tard, nous voilà donc dans le taxi direction les urgences maternité (ras-le-pompon des hôpitaux, emmenez-moi plutôt aux Maldives nom d’un zébu !).
L’équipe qui me prend en charge tente de me rassurer en m’expliquant qu’avec un si faible taux BHCG il serait étonnant que ma grossesse extra utérine dégénère.
Et pourtant (je vous ai dit que Dame Nature était une conasse ?) suite à l’écho, le verdict tombe : ma grossesse s’est rompue dans la trompe, je suis en train de faire une hémorragie, il faut donc m’opérer d’urgence… et m’enlever ma dernière trompe…
Alors comment vous dire qu’à ce moment précis, je n’avais qu’une envie c’était d’hurler ma peine telle une truie égorgée, mais finalement, j'ai opté pour les sanglots de peur qu’on m’enferme directement dans un asile.
Seule consolation (minime face à la situation mais tout est bon à prendre dans ces moments difficiles) c’est que j’avais l’impression d’être dans l’hôpital de Grey’s Anatomy, à savoir que le gynéco et l’anesthésiste étaient juste.. canons (ils sont recrutés sur le physique ou quoi ?).
Bref je m’égare, revenons-en à ma GEU (c’est tellement plus passionnant), il est minuit et c’est l’heure du crime de la cœlioscopie (même plus peur) et des adieux à ma dernière trompe (celle qui me donnait encore l’espoir de croire aux miracles).
Le lendemain matin de l’opération j’ai donc définitivement changé de camp, je suis passée du clan des infertiles au clan des stériles (donnez-moi ma carte de membre s’vous plaît).
Aujourd’hui je ne peux donc plus espérer tomber enceinte naturellement et seules les FIV peuvent éventuellement combler notre désir d’être parents.
Nous sommes le 18 décembre, noël approche (merci pour le cadeau) et quant à moi je ne suis plus que l’ombre de moi-même, prise dans un maelström de chagrin, de douleur mais aussi de colère et d’impuissance.
Il y’a 6 ans de cela, nous voulions un enfant, il y’a 6 ans de cela, nous pensions (naïvement) qu’il suffisait de s’aimer très fort et de faire beaucoup de câlins pour que je puisse tomber enceinte, il y’a 6 ans de cela, j’étais encore pleine d’espoir et loin de m’imaginer que j’allais devoir un jour faire le deuil de la maternité.
«L’habitude du désespoir est pire que le désespoir lui-même» Albert Camus.
* Mon parcours du combattant se déroule sur 7 ans. Aujourd'hui je suis agée de 35 ans.